- Jul 28, 2025
« Quitte ta famille et isole-toi pour être délivrée » : l’intercession devient un danger social ?
- GBANDI Aicha
Quand l’abus spirituel fracture des vies et déshonore l’Église
Entre ignorance théologique et dérive charismatique, comment des conseils apparemment pieux, neutres peuvent détruire des destinées ?
Une parole mal orientée peut briser une vie
Certains jeunes viennent dans les groupes de prière en quête d’espérance, de libération, d’une vie nouvelle avec Dieu. Mais ce qu’ils reçoivent, ce sont parfois des paroles de rejet, d’incompréhension, ou pire : des consignes qui mettent leur vie en danger.
Ce que vous allez lire n’est pas un pamphlet, mais un appel au discernement et à la responsabilité dans les milieux chrétiens. Les faits sont réels, les noms ont été modifiés.
TÉMOIGNAGE 1
Jean et la délivrance au prix de la rupture familiale
« Quitte ta famille et isole-toi pour être délivrée » : quand l’intercession devient un danger spirituel et social
Grace, 21 ans, est une étudiante sans revenu, hébergée par ses parents dans un foyer complexe, où se côtoient foi chrétienne et pratiques spirituelles contradictoires. En quête d’écoute et de réconfort, elle rejoint un groupe de prière charismatique catholique d’inspiration africaine. Elle espère y trouver soutien, consolation et prière. Jean, le responsable de l’intercession, la reçoit en entretien.
À l’issue d’un échange de quelques minutes à peine, il lui annonce un verdict aussi catégorique qu’inquiétant :
« Tu ne peux pas être délivrée tant que tu restes dans cette maison. Quitte-la. Comme Abraham. »
La parole paraît spirituelle. Mais elle est en réalité un raccourci dangereux. Jean ne propose aucun suivi, aucune solution concrète, aucun accompagnement structuré. Ni logement, ni mentorat, ni même une présence féminine de confiance. Lorsque Grace exprime des doutes et demande du temps, elle est jugée comme étant "fermée à l’Esprit-Saint", puis marginalisée du groupe. Elle est isolée, culpabilisée, et progressivement exclue de toute participation.
Et pourtant, c’est elle qui a fait preuve de discernement.
Une lecture déformée du récit d’Abraham
Comparer la situation de Grace à celle d’Abraham est non seulement inexact, mais profondément dangereux. Dans le récit biblique (Genèse 12), Abraham n’est pas un jeune sans ressource à la merci du hasard. Il est déjà un homme adulte, chef de clan, disposant d’une richesse considérable et de nombreux serviteurs. Lorsqu’il quitte son pays, il ne le fait ni dans la précarité, ni dans l’improvisation.
Selon les textes bibliques, Abraham possédait des biens qui vaudraient aujourd’hui des milliers d’euros.
Des troupeaux de moutons, de chèvres, de bœufs et d’ânes ;
De l’or, de l’argent, et des biens divers ;
Une suite d’au moins 300 hommes nés dans sa maison (Genèse 14:14), sans compter les femmes et les enfants ;
Des alliances tribales, des campements organisés, des ressources durables.
Si l’on convertissait ces biens en valeur actuelle, le patrimoine d’Abraham s’élèverait facilement à plusieurs centaines de milliers d’euros, voire plus d’un million. Il était en mesure de subvenir à ses besoins et à ceux de son entourage sur plusieurs générations. Par ailleurs, dans la société hébraïque ancienne, marquée par le nomadisme pastoral, le départ d’un territoire n’équivalait pas à une mise en danger vitale. Le logement n’était pas loué, mais construit par le clan. La nourriture provenait de la terre, non du commerce. Il n’y avait pas d’administration, de charges fixes, ni de précarité urbaine.
Aujourd’hui, quitter le domicile familial sans emploi ni ressources, sans réseau ni protection, expose à des risques graves. Ce type d’appel au « saut dans la foi » sans cadre relève moins de l’inspiration divine que d’un zèle spirituel destructeur.
Ce que Grace aurait risqué si elle avait cédé
En acceptant les injonctions de Jean, Grace aurait pu :
Se retrouver en logement précaire ou à la rue, sans appui ni garantie ;
Subir des propositions malsaines ou conditionnelles, parfois déguisées en aide spirituelle ;
Être entraînée dans des relations de dépendance ou d’exploitation affective, sexuelle ou financière ;
Faire face à une grossesse non désirée, sans soutien ni reconnaissance ;
Traverser une perte de foi, un profond sentiment de rejet et de confusion spirituelle.
Au lieu de cela, Grace a pris une décision sage. Elle s’est rapprochée d’une femme de foi, expérimentée, formée, et bienveillante. Elle a été accompagnée progressivement, avec respect, sans violence ni rupture familiale. Un dialogue a été rétabli dans sa maison. Elle poursuit aujourd’hui ses études, travaille à mi-temps, et chemine spirituellement dans la paix et l’autonomie.
Une responsabilité pastorale et psychologique
Accompagner une personne en difficulté, surtout lorsqu’elle est jeune, vulnérable ou dépendante de son cadre familial, nécessite de la prudence, de la formation et de l’humilité. On n’impose pas un choix aussi radical qu’un départ sans alternative. On ne cite pas Abraham hors contexte. On ne joue pas à prophétiser des orientations de vie sans évaluation humaine, sociale, juridique.
Une véritable délivrance, au sens chrétien du terme, ne se construit pas dans la rupture irréfléchie, mais dans une restauration progressive, respectueuse du rythme, de la situation, et de l’histoire de chacun.
L’erreur spirituelle : quitter ≠ délivrer
L’histoire de Grace montre que tout conseil spirituel doit être adapté à la situation concrète de la personne. Ce qui convient à l’un peut être dangereux pour l’autre. L’Esprit ne pousse jamais dans le vide.
Quitter un lieu toxique, oui — mais avec un discernement réel, un cadre, une solution. Sinon, ce n’est pas la foi qui guide, c’est l’inconscience.
Exemple biblique : Daniel au cœur de Babylone
Daniel vivait dans une cour païenne, sous l’autorité de Nabuchodonosor, roi idolâtre. Et pourtant, il n’a pas fui. Il a prié, discerné, servi Dieu au milieu de l’adversité, sans renier ses valeurs ni mépriser son environnement.
« Ceux qui connaissent leur Dieu agiront avec fermeté. » (Daniel 11:32)
Dieu n’exige pas toujours la fuite : il veut la sagesse, la force, la fermeté. Dans certaines situations, la lumière se manifeste dans les ténèbres, et non en fuyant les ténèbres.
Quand l’Église devient un lieu d’exclusion
Ce que Jean a fait, consciemment ou non, relève d’une forme d’abus spirituel. Il ne s’agit pas de dénoncer un homme, mais de questionner une pratique dangereuse et répandue dans certains milieux charismatiques afro-évangéliques.
L’accompagnement spirituel n’est pas une autorité de domination.
Un homme adulte ne doit jamais accompagner seul une jeune fille vulnérable dans des contextes aussi intimes que la délivrance. Cela demande :
Un binôme homme-femme
Un cadre clair et confidentiel
Un encadrement spirituel et psychologique
Une vigilance doctrinale constante
TÉMOIGNAGE 2
Des enfants accusés de sorcellerie : quand l’Église se trompe d’ennemi
« Il a mangé ses parents en rêve » : les aveux extorqués d’enfants en détresse
Dans certaines églises afro-charismatiques, on voit des enfants de 5 à 16 ans accusés de sorcellerie. Parfois par soi-disant prophétie, parfois sous la pression d’un entourage qui veut "discerner" des troubles familiaux.
L’enfant est appelé devant l’assemblée, interrogé, influencé. Il finit par "confesser" :
« J’ai tué mon oncle en rêve. »
« Je suis un sorcier. J’ai été initié la nuit. »
La foule acclame, le pasteur crie victoire… et l’enfant est marqué à vie.
Le scandale : ce n’est pas du ministère, c’est de la maltraitance d'enfants.
À 6 ans, l’imaginaire est encore flou. L’enfant confond rêves, peurs, et attentes des adultes.
À 10 ans, il peut dire ce qu’on attend pour échapper à la honte ou aux coups.
À 15 ans, il peut se croire réellement maléfique, vivre dans la culpabilité et la terreur.
L’Esprit Saint ne condamne jamais un enfant sans preuve, encore moins pour des accusations de sorcellerie. Ce sont l’ignorance et l’orgueil, masqués sous le voile de la foi, qui prononcent ces jugements iniques.
👣 Ce qu’il faut faire : recadrer avec amour et rigueur
Ne jamais exorciser publiquement un enfant.
Toujours recouper une confession avec des adultes formés (enseignants, parents, psychologues).
Travailler avec des professionnels de l’enfance.
Prendre du recul et poser cette question essentielle.
La vraie question est la suivante : est-ce que je poursuis la vérité… ou est-ce que je cherche simplement une justification à mon malaise ?
N’oublions jamais : les enfants sont l’avenir de l’Église. Et une Église ne peut grandir solidement si elle s’élève sur des ruines psychiques.
✅ Recommandations pour un accompagnement sain
Pour les jeunes adultes :
Ne jamais conseiller une rupture familiale sans alternative concrète
Encadrer les paroles dites "prophétiques" avec discernement, sagesse, humilité
Inclure des référents du même sexe
Ne jamais diaboliser sans vérification et accompagnement humain
Pour les enfants :
Respecter la vulnérabilité psychique
Ne jamais prophétiser publiquement sur un mineur
Inclure les parents, les enseignants, les psychologues
Recadrer avec amour, pédagogie et prudence
Conclusion : Éduquer l’Église pour restaurer les âmes
« Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » (Jean 10:11)
« Vous les pasteurs, vous dispersez mes brebis… » (Jérémie 23:1)
L’Église n’a pas vocation à rejeter, humilier, culpabiliser. Elle a vocation à accompagner, restaurer, relever. Le ministère de délivrance est réel et nécessaire, mais il doit être encadré, formé, et purifié de toute forme d’abus.
Jean n’a pas voulu détruire une vie. Mais par ignorance, il a frôlé l’irréparable. Ce témoignage doit nous pousser à la vigilance, à l’humilité, et à la réforme.
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Biographie de l'auteure
Aïcha GBANDI est juriste, diplômée d’un Master 2 en Histoire du droit et des institutions à l’Université de Bordeaux (2020-2021). Son mémoire de recherche a porté sur « Le droit dans les congrès internationaux des femmes », illustrant sa capacité à croiser rigueur juridique et réflexion historique approfondie.
Elle est également titulaire d’une licence en droit public (Université de Lomé, 2015-2016) et d’un Master 1 en Histoire du droit et des institutions (Université de Bordeaux, 2019-2020).
Son parcours a été complété par une préparation annuelle et estivale aux concours du CRFPA et de l’ENM au sein des Instituts d’Études Judiciaires de Bordeaux et de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ainsi qu’un stage en cabinet d’avocats à Paris. Elle y a contribué à la rédaction de requêtes et mémoires en droit administratif et en droit des étrangers (CESEDA), ainsi qu’à la constitution et au suivi de dossiers en droit du travail. Cette expérience pratique est venue renforcer sa formation académique et consolider son expertise dans des matières clés du droit.
Distinctions et reconnaissance académique
Lauréate du Concours régional francophone de plaidoirie en droit international humanitaire du CICR (Tunis, 2013).
Représentante du Togo au prestigieux Concours international Jean-Pictet de droit international humanitaire (États-Unis, 2015).
Participation à divers forums internationaux sur le droit et le leadership.
Publications et productions académiques
Cinquième convention de Genève, recueil de cas pratiques en droit international humanitaire et droits de l’homme, préfacé par le Professeur Michel Deyra.
Articles spécialisés publiés dans Village de la Justice et d’autres revues professionnelles.
Fiches de cours, fascicules d’actualisation et recueils de cas pratiques destinés aux étudiants en droit.
Licence (L1-L3) :
12/20 en droit administratif des biens
13/20 en régime général des obligations
14/20 en droit du travail
14/20 en droit international humanitaire
14/20 en institutions administratives
13/20 en méthodologie du droit, finances publiques et droit de la fonction publique
12/20 en rédaction administrative
Master (M1-M2) :
12/20 en histoire des professions judiciaires
18/20 en histoire du droit de la famille
15/20 en histoire du droit patrimonial de la famille
14/20 en droit privé comparé
13/20 en analyse des enjeux juridiques actuels
Ces résultats concrets reflètent son expertise et garantissent la qualité des fiches et supports pédagogiques qu’elle propose.
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