L’indemnisation des femmes victimes de violences conjugales et intrafamiliales dans l’Église : entre silence sacré et devoir de justice

  • Jul 31, 2025

L’indemnisation des femmes victimes de violences du foyer à l’Église et jusque dans la société : entre silence sacré et devoir de justice

  • GBANDI Aicha

La femme, qui donne la vie au prix d’une blessure heureuse lors de l’accouchement, ne devrait jamais en subir d’autres — physiques, émotionnelles ou psychiques — dans le cadre conjugal ou spirituel. À l’heure où certaines figures religieuses sont mises en cause pour des faits graves, la protection des femmes chrétiennes et la responsabilité des institutions deviennent des enjeux incontournables.

Témoignage 1

“Ton silence sera ta foi” : être épouse d’un homme de Dieu, mais victime

"Je suis mariée à un leader religieux respecté. Dès les premiers mois, les violences se sont installées : cris, menaces, humiliations, puis les coups. (...) On m’a retirée des réunions. Je n’étais plus une servante, j’étais devenue un problème. Ce n’était plus seulement mon mari qui me faisait violence, c’était l’institution tout entière qui me refusait le droit de dire : j’ai mal."

Témoignage 2

“Elle veut salir l’onction” : le rejet des femmes non mariées à des pasteurs mais actives dans l’Église

Le cas de Lydie est tout aussi édifiant. Membre d’un groupe évangélique à fort rayonnement régional, elle a subi des violences psychologiques répétées au sein de sa cellule de prière, après avoir dénoncé les propos humiliants et les abus verbaux de certains responsables masculins.

"Je n’étais ni mariée, ni conjointe de pasteur. J’étais une simple sœur très investie et membre du noyau d'un groupe de prière. J’ai commencé à signaler des remarques déplacées, des humiliations systématiques lors des réunions. On m’a accusée de diffamation, puis on a dit que j'étais une déséquilibrée, qui faisais une “crise spirituelle”. Une aînée m’a même confié que plusieurs femmes qui dénonçaient ce genre de traitement avaient été qualifiées de déséquilibrées. On m’a isolée, puis ‘exfiltrée’ du noyau de prière. Depuis, personne n’a cherché à savoir comment je vais."

Une pluralité de violences dans un même silence

Les violences subies par les femmes chrétiennes dans un contexte conjugal ou ecclésial relèvent :

  • de violences physiques et psychologiques, souvent normalisées par le discours spirituel,

  • de violences intrafamiliales, lorsque les proches participent activement à l’oppression,

  • de violences institutionnelles, lorsque l’Église adopte une posture passive ou punit la parole des victimes,

  • de violences spirituelles, lorsqu’on détourne les textes sacrés pour imposer la soumission ou le silence.

Il est impératif de comprendre que l’Église n’est pas un espace neutre. Elle peut être un lieu de guérison, mais aussi un lieu de domination, si elle ne se réforme pas en profondeur.

Témoignage 3

Entre écran, chaire et calomnie : violences numériques et représailles professionnelles contre les femmes engagées dans l’évangélisation

"J’ai toujours eu le goût du partage de la foi. Je prêche dans les conférences ouvertes au public, j’évangélise sur les réseaux sociaux avec rigueur et équilibre. Je n’ai jamais mélangé ma foi avec mon emploi ou mes études, par respect pour la laïcité. Pourtant, un jour, une dame très active dans l’Église a dit à voix basse, mais assez fort pour que cela circule : ‘Dès que je l’ai vue, elle ne m’a pas inspiré confiance.’ Elle a commencé à répéter cela dans les cellules de prière, les noyaux, et bientôt, les murmures se sont installés. On me regardait comme une fausse chrétienne, une manipulatrice, une “présence suspecte”.

J’ai préféré prendre mes distances. Mais sur les réseaux sociaux, les attaques ont continué. On m’a envoyée des messages violents, anonymes ou indirects. On disait que j’étais une séductrice déguisée en prédicatrice. Des captures de mes publications ont circulé hors contexte.

Le pire, c’est que ces captures ont fini par atteindre mon lieu de travail. Bien que je ne parle jamais de foi dans le cadre professionnel, certains collègues et responsables m’ont convoquée. Ils ont évoqué mon activité évangélique comme une forme de double vie. À l’université, un enseignant m’a même dit, à mots couverts, que mes publications ressemblaient à celles d’une proxénète. On m’a menacée de sanctions. Mon travail n’a jamais été remis en cause, mais on m’a fait comprendre que “je dérangeais”."

⚖️ Focus juridique

Harcèlement croisé entre vie spirituelle et vie professionnelle

Ce témoignage révèle une forme contemporaine de persécution : le harcèlement numérique à composante spirituelle, dont les répercussions s’étendent jusqu’au cadre professionnel. Plusieurs principes fondamentaux du droit sont ici concernés :

  • Un fait relevant de la vie privée – tel qu’un contenu publié sur un compte personnel dans le cadre d’une activité d’évangélisation – ne peut justifier un licenciement, sauf à démontrer une atteinte concrète au bon fonctionnement de l’entreprise.

  • La conviction religieuse fait partie des critères protégés contre toute discrimination ou pression hiérarchique (article L1132-1 du Code du travail).

  • En cas de diffusion malveillante de contenus privés ou d’interprétations tendancieuses sur les réseaux sociaux, le harcèlement moral ou cyberharcèlement peut être constitué, dès lors qu’il existe une répétition d’agissements ayant pour effet une dégradation des conditions de travail ou d’apprentissage, ou une atteinte à la dignité.

  • Le fait que l’origine de cette calomnie soit ecclésiale n’exonère ni les auteurs directs, ni ceux qui relaient ces propos dans l’environnement professionnel.

Les femmes engagées dans une démarche spirituelle, lorsqu’elles sont ciblées de manière répétée et malveillante, disposent de plusieurs leviers : saisine du Conseil de prud’hommes, dépôt de plainte pénale pour harcèlement moral, alerte auprès du défenseur des droits, ou recours aux dispositifs internes de signalement en entreprise.

Reconnaître le droit à la justice et à la réparation

1. Lorsque la conjointe est encore en vie

Une femme vivant dans un couple chrétien n’a pas à attendre un drame pour demander réparation :

  • En droit civil, elle peut engager la responsabilité de son conjoint pour préjudices subis (article 1240 du Code civil),

  • En cas de violences avérées, une séparation de corps ou un divorce pour faute peut être demandé, avec dommages et intérêts.

  • Le préjudice moral et corporel est indemnisable, même sans cohabitation.

2. En cas de décès de la conjointe

Lorsque les violences aboutissent au décès de la victime, une action en indemnisation par les ayants droit (parents, enfants) est ouverte :

  • au civil, pour les frais funéraires, le préjudice d’affection, la perte de revenus,

  • au pénal, dans le cadre d’une procédure engagée contre l’auteur (meurtre, violences ayant entraîné la mort).

3. Les victimes par ricochet

Les enfants, proches ou témoins impactés peuvent agir :

  • sur le fondement du préjudice par ricochet,

  • dans le cadre de la procédure pénale ou d’une action civile indépendante.

Compétence juridictionnelle : un enjeu croissant dans les Églises à rayonnement régional et international

La prolifération d’Églises évangéliques transnationales complexifie la répartition des responsabilités :

  • Une femme peut subir des violences dans un siège régional, tandis que l’autorité décisionnelle (le “Conseil spirituel”) est basée à l’international.

  • Les extensions (filiales, annexes, “délégations spirituelles”) ne peuvent pas invoquer leur statut religieux pour échapper à la loi civile locale.

  • Il est donc fondamental de localiser juridiquement les actes (lieu des faits, siège administratif), pour déterminer la compétence territoriale et engager la responsabilité pénale et civile des dirigeants impliqués.

Droit pénal : le rôle du ministère public

Le procureur de la République joue un rôle central :

  • Il peut être saisi par la victime ou par un tiers, y compris de manière anonyme,

  • Il est compétent pour ouvrir une enquête de flagrance ou préliminaire,

  • Il peut engager des poursuites pénales indépendamment de la volonté de la victime, lorsque l’intérêt général l’exige.

Les victimes doivent être encouragées à faire une main courante ou déposer une plainte. La plainte est indispensable pour déclencher la machine judiciaire, sauf en cas de plainte déposée par un proche ou une institution.

Voies de recours civiles : responsabilité personnelle et indemnisation

En parallèle à la voie pénale, la victime peut :

  • saisir le juge civil pour obtenir la réparation du préjudice,

  • faire valoir le manquement au devoir conjugal (article 212 du Code civil),

  • agir pour atteinte à la dignité et à l’intégrité morale, même en l’absence de condamnation pénale.

Vers une justice intégrale : les voies parajudiciaires et extrajudiciaires

Au-delà du cadre juridictionnel classique, d’autres voies peuvent être mobilisées:

  • La médiation spécialisée (médiateurs familiaux ou religieux formés à l’éthique et aux violences conjugales),

  • Les cellules d’écoute indépendantes mises en place par certaines Églises, lorsqu’elles fonctionnent avec rigueur,

  • Les associations de défense des droits des femmes, qui peuvent assister juridiquement et psychologiquement la victime,

  • Les mécanismes de justice communautaire ou réparatrice, reconnus par certaines juridictions africaines, dans un cadre rigoureux.

Ces voies n’excluent pas les poursuites, mais permettent une forme de reconnaissance, de réparation morale et sociale adaptée à certaines réalités culturelles et communautaires.

Conclusion : L'Église à l’épreuve de la justice

Les violences conjugales et intrafamiliales dans l’Église ne relèvent pas uniquement d’un problème spirituel. Elles engagent des responsabilités juridiques, morales et institutionnelles.

Il ne suffit plus de prêcher la paix, il faut mettre en œuvre des structures de protection, accompagner les victimes et sanctionner les agresseurs.
La foi n’est jamais une excuse pour se taire, ni pour couvrir l’impunité.

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Biographie de l'auteure

Aïcha GBANDI est juriste, diplômée d’un Master 2 en Histoire du droit et des institutions à l’Université de Bordeaux (2020-2021). Son mémoire de recherche a porté sur « Le droit dans les congrès internationaux des femmes », illustrant sa capacité à croiser rigueur juridique et réflexion historique approfondie.

Elle est également titulaire d’une licence en droit public (Université de Lomé, 2015-2016) et d’un Master 1 en Histoire du droit et des institutions (Université de Bordeaux, 2019-2020).

Son parcours a été complété par une préparation annuelle et estivale aux concours du CRFPA et de l’ENM au sein des Instituts d’Études Judiciaires de Bordeaux et de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ainsi qu’un stage en cabinet d’avocats à Paris. Elle y a contribué à la rédaction de requêtes et mémoires en droit administratif et en droit des étrangers (CESEDA), ainsi qu’à la constitution et au suivi de dossiers en droit du travail. Cette expérience pratique est venue renforcer sa formation académique et consolider son expertise dans des matières clés du droit.

Distinctions et reconnaissance académique

  • Lauréate du Concours régional francophone de plaidoirie en droit international humanitaire du CICR (Tunis, 2013).

  • Représentante du Togo au prestigieux Concours international Jean-Pictet de droit international humanitaire (États-Unis, 2015).

  • Participation à divers forums internationaux sur le droit et le leadership.

Publications et productions académiques

  • Cinquième convention de Genève, recueil de cas pratiques en droit international humanitaire et droits de l’homme, préfacé par le Professeur Michel Deyra.

  • Articles spécialisés publiés dans Village de la Justice et d’autres revues professionnelles.

  • Fiches de cours, fascicules d’actualisation et recueils de cas pratiques destinés aux étudiants en droit.

Licence (L1-L3) :

  • 12/20 en droit administratif des biens

  • 13/20 en régime général des obligations

  • 14/20 en droit du travail

  • 14/20 en droit international humanitaire

  • 14/20 en institutions administratives

  • 13/20 en méthodologie du droit, finances publiques et droit de la fonction publique

  • 12/20 en rédaction administrative

Master (M1-M2) :

  • 12/20 en histoire des professions judiciaires

  • 18/20 en histoire du droit de la famille

  • 15/20 en histoire du droit patrimonial de la famille

  • 14/20 en droit privé comparé

  • 13/20 en analyse des enjeux juridiques actuels

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