- Nov 10, 2025
L’exercice des dons de délivrance et la gestion des émotions
- GBANDI Aicha
Étude à partir des cas de Jean et Agathe
Dans nos précédentes études intitulées « Vie privée et indiscrétion dans les groupes de prière : de la confiance trahie aux dérives sectaires », nous avons observé plusieurs situations vécues au sein des groupes charismatiques.
À partir des cas de Jean et Agathe, nous explorons aujourd’hui comment certaines émotions humaines - la peur, le désir de pouvoir et l’orgueil - peuvent fausser l’exercice du don de délivrance et troubler la vie communautaire.
Ici, il ne s’agit pas de la gestion des motions intérieures (inspirations du Saint-Esprit), mais bien de la gestion des émotions, ces réactions affectives qui peuvent dévier la prière et engendrer des blessures spirituelles.
I. L’émotion-peur : le cas d’Agathe
Agathe, après une prière de délivrance, croise Marie-Aurore dans la cour de l’église. Sans raison apparente, elle se met à prier bruyamment en langues, puis à murmurer : « esprit des eaux ».
Ce comportement, déplacé hors du cadre spirituel, témoigne d’une peur intériorisée et d’une suspicion maladive.
Lorsque Marie-Aurore la salue avec un mot enfantin inspiré du célèbre « Abracadabra » (terme popularisé dans des dessins animés tels que Aladdin ou Les Schtroumpfs), Agathe s’affole, se bouche les oreilles et l’accuse d’incantation. Ainsi, une simple plaisanterie devient interprétée comme une attaque spirituelle.
Cette peur découle souvent d’un mauvais enseignement ou de fausses perceptions spirituelles. Lorsqu’on présente autrui comme “possédé” ou “dangereux”, on crée des réactions de défense disproportionnées : prières en langues dans la rue, usage d’huiles dites saintes sans discernement, suspicion constante. Le danger est alors de transformer la foi en anxiété et la prière en superstition.
« Car Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, d’amour et de sagesse. » - 2 Timothée 1:7 (KJV)
Les prières improvisées et les séances de délivrance mal encadrées peuvent causer des traumatismes spirituels et psychologiques. Sous la contrainte ou la peur, des personnes en viennent à confesser des choses qu’elles ne vivent pas réellement.
II. L’émotion–désir de pouvoir ou de puissance : l’exemple de Jean
Dans l’analyse du ministère charismatique, il convient de distinguer le charisme de gouvernement, qui est un don authentique de l’Esprit-Saint pour le service du Corps du Christ, de l’émotion-pouvoir, laquelle procède d’un dérèglement affectif et spirituel. Cette dernière, lorsqu’elle n’est pas discernée, conduit à la confusion entre autorité spirituelle et domination humaine. Elle transforme le service en contrôle, la fraternité en hiérarchie, et le discernement en suspicion.
L’étude du cas de Jean, responsable d’intercession et berger de groupe de prière, illustre ce glissement progressif.
En connivence avec Jean et consorts, Albert convoque une réunion du noyau élargi sous prétexte d’une urgence spirituelle. La convocation, adressée à Marie-Aurore, se veut impérative :
« Oui, allô ? Demain, il y a une réunion du noyau élargi. C’est très important, ta présence est obligatoire. »
Or, aucune prière d’ouverture, ni invocation du Saint-Esprit, ne vient marquer le début de cette rencontre. Ce détail, en apparence anodin, révèle une dérive profonde : le centre de gravité n’est plus le Christ, mais la volonté humaine.
Jean, dans un climat de tension, interpelle directement Marie-Aurore :
« Quel est ton nom spirituel ? Quelle est ta mission dans ce groupe de prière charismatique ? Nous t’avons confié une mission, maintenant nous exigeons que tu démissionnes ! »
Puis, dans un geste d’affirmation hiérarchique, Albert déclare :
« Le responsable et berger, c’est moi. Fais-moi confiance. Je vais faire usage de toutes mes prérogatives et je veillerai à ce que tu sois définitivement effacée de l’artillerie charismatique. »
Ce type de discours, fondé sur la menace et la hiérarchisation de l’autorité spirituelle, dénature le ministère de service en un exercice de pouvoir coercitif. Il s’agit ici d’une instrumentalisation du charisme, où la peur remplace la confiance et où le rapport de domination prend le pas sur la fraternité.
Ce ton d’autorité humaine, sous prétexte de discernement spirituel, révèle une dérive de pouvoir. Jean ne cherche pas à libérer mais à dominer. Et ce piège guette encore aujourd’hui nombre de responsables : le mélange entre autorité spirituelle et ambition personnelle.
Apports théologique et psychologique
Le désir de pouvoir spirituel trouve sa racine dans une émotion non maîtrisée : la peur de perdre le contrôle, la crainte de voir son autorité remise en cause. L’homme spirituel devient alors gestionnaire d’influence plutôt que témoin de la grâce. Cette dérive n’est pas nouvelle : les Évangiles en offrent déjà l’écho lorsque les disciples se disputaient pour savoir qui était le plus grand (Luc 22:24–27). Jésus y répond par une parole décisive :
« Que le plus grand parmi vous soit comme le plus jeune, et celui qui commande comme celui qui sert. »
Ainsi, le pouvoir spirituel n’a de légitimité que dans le service désintéressé et la soumission à l’Esprit-Saint. L’émotion, lorsqu’elle s’impose sans discernement, altère la perception du ministère : elle fait du berger un juge, du frère un adversaire, et de la prière un champ d’affrontement.
Conséquences pastorales
De nombreux pasteurs et responsables de groupes de prière témoignent avoir été victimes de telles dérives : faussement accusés d’hérésie ou d'occultisme, ils se trouvent marginalisés, parfois humiliés par le biais de campagnes de discrédit, au nom d’un prétendu discernement.
Comme Agathe l’avait dit un jour à Marie-Aurore :
« Ton ministère ne vient pas de Dieu. Quitte l’autre monde ! »
De telles paroles, sans fondement doctrinal ni appui biblique, traduisent une autorité émotive, vengeresse, non spirituelle. Elles affaiblissent la communion fraternelle et provoquent la fuite de nombreux fidèles.
Lorsque le pouvoir s’enracine dans l’émotion plutôt que dans la croix, il éteint le feu du réveil spirituel. Il détruit la confiance, altère la relation d’autorité et entrave l’action de la grâce.
Cette question n’est pas nouvelle dans la réflexion ecclésiale contemporaine. Dans son ouvrage Charismes et mouvements charismatiques, l’abbé Séverin G. rappelle avec justesse que « le discernement ne doit pas être un règlement de compte ». La remarque est d’autant plus pertinente que le ministère de délivrance ou d’accompagnement spirituel exige une neutralité émotionnelle, un équilibre intérieur et une docilité constante à l’Esprit-Saint.
De même, dans sa recherche intitulée Être responsable, Monsieur Jean-Christophe S. souligne que l’exercice du leadership spirituel implique une responsabilité de bienveillance et non de coercition. L’autorité spirituelle d'un responsable, écrit-il, ne se mesure pas à la force du commandement mais à la capacité à manifester les fruits de l’Esprit-Saint.
« Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages. » - 1 Corinthiens 1:27 (KJV)
Ainsi, la véritable autorité spirituelle ne s’affirme pas par l'exclusion-effacement des autres membres du noyau, mais par la médiation.
Le berger conduit par l’Esprit n’impose pas, il accompagne. Il ne contraint pas, il discerne. Il ne revendique pas sa place, il sert dans l’humilité.
« Car l’Esprit souffle où Il veut » (Jean 3:8)
III. L’émotion-orgueil : témoignage personnel
Moi, Immaculée Natacha Gbandi, sans orgueil - comme le disait aussi Paul : « Moi, Paul… » - , j’ai expérimenté les dangers de l’orgueil spirituel au cœur même du ministère de délivrance. Il m’est arrivé, au cours de séances de prière, d’entendre des voix humaines suppliantes, jaillissant de personnes en délivrance, s’écrier avec force :
« Tes prières nous dérangent, tu es puissante ! Tu nous tourmentes… ne nous expulse pas ! »
Ces voix surgissent dans un contexte d’affrontement spirituel, mais elles peuvent devenir des pièges redoutables pour le serviteur de Dieu. Elles flattent, séduisent et laissent croire que la puissance vient de nous, alors qu’elle ne vient que du Christ. Et quand on commence à se croire indispensable, on cesse d’être brisé : on devient activiste spirituel, coupé du pasteur, du discernement et de la vraie soumission à l’Esprit-Saint.
De cette expérience est né mon ouvrage :
Ravivez dans vos cœurs les flammes de l’Amour : 9 jours de prière pour la guérison intérieure, la rencontre de l’âme sœur, la protection spirituelle et l’épanouissement des couples.
Ce livre invite à retrouver la simplicité du cœur, la paix intérieure et la vraie dépendance du Saint-Esprit, loin de l’orgueil spirituel.
IV. Le discernement véritable des esprits
Le discernement des esprits se fonde sur des faits spirituels objectifs, et non sur des impressions émotionnelles ou des suspicions personnelles. Les erreurs non documentées se répètent, mais lorsqu’elles sont exposées avec vérité, elles cessent d’être reproduites.
Marie-Aurore n’a pas fui l’Église malgré le harcèlement spirituel subi. Elle est restée dans la foi, confiante en Christ.
Pourtant, beaucoup d’autres ont quitté les groupes charismatiques pour préserver leur santé mentale et spirituelle.
Selon une enquête, 58 % des personnes interrogées évoquent des humiliations et des jugements injustes.
Mais ces mêmes croyants, accueillis dans d’autres communautés, y ont retrouvé la paix et la croissance spirituelle.
Et là encore, certains continuent de prier pour la délivrance - preuve que le problème ne venait pas de la prière, mais de l’esprit dans lequel elle était exercée. On pourrait dire, non sans ironie : « Malin, malin et demi ! » - ceux qui se croyaient héros spirituels ont éloigné les âmes du troupeau.
L'appel prophétique
« Viens, Saint-Esprit, rends droit ce qui est courbé »
Dans l’Évangile de Luc, Jésus rencontre une femme courbée depuis dix-huit ans :
« Et voici, il y avait là une femme qui avait un esprit d’infirmité depuis dix-huit ans... Jésus la vit, l’appela, et lui dit : Femme, tu es délivrée de ton infirmité. » - Luc 13:11–13 (KJV)
Elle fut redressée. De même, lorsque nos émotions faussent notre discernement, seul l’Esprit-Saint peut redresser ce qui est tordu.
Les disciples eux-mêmes revinrent joyeux, disant :
« Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom ! »
Mais Jésus répondit : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. » - Luc 10:17, 20 (KJV)
Le véritable triomphe spirituel n’est pas de dominer les esprits, mais de demeurer humbles et soumis au Christ. C’est là que se trouve la vraie délivrance : dans le cœur redressé, apaisé et rempli d’amour.
Au début de mon ministère, je pensais que les dons de nouvelles langues chassaient automatiquement le démon. Je croyais que, plus je priais fort et partout, plus cela apportait du feu pour brûler quiconque. Mais en grandissant, je réalise que j’ai besoin d’humilité, car seul l’amour que nous manifestons pour la personne pour qui nous prions y contribue réellement.
Schémas interdisciplinaires : autorité spirituelle, dérives émotionnelles et régulation
Schéma illustratif : état de sujétion, violences orchestrées et impacts de la prière de délivrance
Biographie de l'auteure
Aïcha GBANDI est juriste, diplômée d’un Master 2 en Histoire du droit et des institutions à l’Université de Bordeaux (2020-2021). Son mémoire de recherche a porté sur « Le droit dans les congrès internationaux des femmes », illustrant sa capacité à croiser rigueur juridique et réflexion historique approfondie.
Elle est également titulaire d’une licence en droit public (Université de Lomé, 2015-2016) et d’un Master 1 en Histoire du droit et des institutions (Université de Bordeaux, 2019-2020).
Son parcours a été complété par une préparation annuelle et estivale aux concours du CRFPA et de l’ENM au sein des Instituts d’Études Judiciaires de Bordeaux et de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ainsi qu’un stage en cabinet d’avocats à Paris. Elle y a contribué à la rédaction de requêtes et mémoires en droit administratif et en droit des étrangers (CESEDA), ainsi qu’à la constitution et au suivi de dossiers en droit du travail. Cette expérience pratique est venue renforcer sa formation académique et consolider son expertise dans des matières clés du droit.
Distinctions et reconnaissance académique
Lauréate du Concours régional francophone de plaidoirie en droit international humanitaire du CICR (Tunis, 2013).
Représentante du Togo au prestigieux Concours international Jean-Pictet de droit international humanitaire (États-Unis, 2015).
Participation à divers forums internationaux sur le droit et le leadership.
Publications et productions académiques
Cinquième convention de Genève, recueil de cas pratiques en droit international humanitaire et droits de l’homme, préfacé par le Professeur Michel Deyra.
Articles spécialisés publiés dans Village de la Justice et d’autres revues professionnelles.
Fiches de cours, fascicules d’actualisation et recueils de cas pratiques destinés aux étudiants en droit.
Licence (L1-L3) :
12/20 en droit administratif des biens
13/20 en régime général des obligations
14/20 en droit du travail
14/20 en droit international humanitaire
14/20 en institutions administratives
13/20 en méthodologie du droit, finances publiques et droit de la fonction publique
12/20 en rédaction administrative
Master (M1-M2) :
12/20 en histoire des professions judiciaires
18/20 en histoire du droit de la famille
15/20 en histoire du droit patrimonial de la famille
14/20 en droit privé comparé
13/20 en analyse des enjeux juridiques actuels
Ces résultats concrets reflètent son expertise et garantissent la qualité des fiches et supports pédagogiques qu’elle propose.
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