- Nov 14, 2025
La foi provocante et les troubles de voisinage
- GBANDI Aicha
La foi est un feu. Elle éclaire, elle unit, elle guérit.
Mais lorsque ce feu n’est plus contenu dans le brasier de la charité, il devient un incendie qui brûle les relations, provoque les voisins, fracture les communautés religieuses et expose parfois le croyant à des sanctions civiles.
La foi, lorsqu’elle s’exprime sainement, scelle l’amitié et construit la cohésion.
Mais lorsqu’elle déborde, sans discernement ni respect, elle provoque - parfois maladroitement, parfois violemment - et cause un désordre qui n’édifie personne.
Je voudrais analyser ce phénomène que j’appelle la foi provocante, dans ses deux visages :
la foi provocante saine, qui attire, inspire, libère ;
la foi provocante malsaine, qui dérange, oppresse, humilie ou intimide.
Je parlerai à partir de plusieurs cas réels que j’ai personnellement documentés, vécus ou observés.
I. La foi provocante malsaine
1. L’affaire Diane : prière en langues, sacramentaux et… troubles de voisinage
Diane, propriétaire d’un petit immeuble, raconte un jour son désarroi.
Une de ses locataires, très engagée dans la prière charismatique, utilisait quotidiennement eau bénite, sel exorcisé, huile consacrée. En soi, rien de problématique : les sacramentaux sont des aides spirituelles.
Mais le problème se situe ailleurs :
elle aspergeait les escaliers communs,
versait de l’huile bénite sur les terrasses d’autres voisins,
accusait ceux qui protestaient d’être « possédés »,
priait en langues devant la porte de Diane elle-même, en la pointant du doigt,
et, pour couronner le tout,
ne payait pas régulièrement son loyer.
Diane m’a dit, la voix tremblante :
« Je respecte la foi. Je suis chrétienne moi-même.
Mais ce n’est plus la foi, c’est une invasion. »
Ici, nous ne sommes plus dans la piété, mais dans l’abus de la liberté religieuse.
Fondement juridique
En droit, un comportement qui cause un trouble anormal à autrui - odeurs, bruits, salissures, dégradations, gestes intrusifs - constitue un trouble de voisinage, sanctionnable civilement, même lorsqu'il se réclame d'une pratique religieuse.
La liberté religieuse est garantie, mais elle s’exerce dans le respect du voisinage. Le principe est simple :
La foi ne justifie jamais l’atteinte au droit d’autrui.
Comme le dit Paul :
« Toutes choses sont permises, mais toutes ne sont pas utiles. » (1 Co 6,12)
Dans ce cas, la foi s’est transformée en provocation. Non pas une provocation prophétique qui ouvre le cœur, mais une provocation intrusive qui ferme les portes des relations humaines.
2. Quand la foi exclut sans le vouloir : uniformisation vestimentaire
Dans certaines communautés, les chorales imposent une uniformisation stricte: même type de toge, même tissu, même coupe. L’intention ? Donner une unité esthétique et liturgique.
Mais dans les faits, plusieurs fidèles ont confié ceci :
« Je ne viens plus chanter parce que je n’ai pas les moyens d’acheter la tenue. »
Ou encore :
« Je me sens jugée parce que mes habits n’ont pas le bon standing. »
Ici encore, la foi devient provocante, malgré elle.
Elle provoque la comparaison, la honte, la gêne.
On oublie que Jésus a accueilli des bergers en sandalettes poussiéreuses et non des chorales parfaitement assorties.
Quand la foi humilie,
ce n’est plus la foi :
c’est une esthétique religieuse qui écrase.
3. La missionnaire qui étale ses diplômes : une provocation intellectuelle
J’ai suivi le parcours d’une missionnaire envoyée dans une zone rurale.
Grande juriste, diplômée, éloquente, très formée. Mais en arrivant, elle parlait comme dans un amphithéâtre universitaire. Elle citait le droit constitutionnel, les théories de leadership, l’ecclésiologie académique.
Le problème ?
Les habitants étaient des agriculteurs, des pêcheurs, des commerçants modestes.
Et plusieurs ont dit à demi-mot :
« On ne comprend rien.
Il nous regarde comme si on avait raté quelque chose dans la vie. »
Sa foi provoquait, oui… Mais elle provoquait la distance, le malaise, le sentiment d’infériorité.
Pour assainir sa mission, elle a dû abandonner l’étalage de ses diplômes, adopter un langage simple, apprendre les usages culturels du village, et s’asseoir parmi eux, non au-dessus d’eux.
La foi n’est pas faite pour impressionner, mais pour incarner.
II. La foi provocante saine
Mon expérience : des cadres millionnaires qui dansaient, se couchaient au sol
Je me souviens d’un séminaire d’évangélisation où je fus invitée il y a quelques années. J’étais persuadée d’arriver dans un cadre très formel : directeur de banque, avocats, magistrats, entrepreneurs prospères… Un milieu « haut perché ».
Mais au moment de la louange, j’ai vu des choses que je n’oublierai jamais :
des cadres millionnaires danser pieds nus,
des juristes se coucher par terre en adoration,
des chefs d’entreprise pleurer devant la présence de l’Esprit Saint.
Aucun ne cherchait à impressionner.
Aucun ne jouait son statut social.
Aucun n’étalait ce qu’il avait.
Et ce contraste, pour moi, fut une leçon d’humilité radicale.
J’ai compris alors ce qu’est la vraie foi provocante :
Celle qui provoque les autres à aimer davantage Dieu.
Celle qui nous pousse à descendre plutôt qu’à monter.
Celle qui bouleverse, non par ostentation, mais par simplicité.
C’est cette foi-là qui évangélise.
C’est cette foi-là qui attire.
C’est cette foi-là qui édifie même les non-croyants.
III. Analyse théologique : foi, liberté et responsabilité
Le Nouveau Testament n’encourage jamais une foi exhibitionniste.
Jésus recommande :
« Quand tu pries, entre dans ta chambre. » (Mt 6,6)
Paul avertit :
« Si je n’ai pas la charité, je ne suis rien. » (1 Co 13,2)
La foi n’est pas un outil de domination, ni un moyen de compenser nos insécurités, ni un théâtre où exhiber nos compétences spirituelles.
La foi devient malsaine lorsqu’elle :
impose au lieu de proposer,
envahit au lieu de respecter,
humilie au lieu d’édifier,
compare au lieu d’accueillir,
éblouit au lieu d’illuminer,
écrase au lieu d’élever.
La foi devient saine lorsqu’elle :
inspire,
attire,
pacifie,
simplifie,
unifie,
révèle Christ plutôt que nous-mêmes.
IV. Approche juridique : la foi ne peut pas devenir un prétexte
La liberté religieuse est un droit fondamental.
Mais dans toutes les législations modernes, ce droit est encadré par une limite simple :
Ne pas troubler l’ordre public ni le droit des tiers.
Ainsi, même si un croyant agit « au nom de Dieu », juridiquement, il engage sa responsabilité civile si son comportement :
cause un trouble anormal de voisinage,
porte atteinte à la tranquillité,
gêne l’usage normal d’un lieu,
intimide, humilie ou dégrade.
L’État ne juge pas la foi, mais les conséquences visibles et mesurables de celle-ci.
Il est donc essentiel d’enseigner dans nos communautés :
La foi ne dispense pas du respect.
La foi n’annule pas la loi.
La foi s’inscrit dans la charité, et la charité inclut la civilité.
V. Revenir aux fondamentaux de la mission
Pour retrouver une foi équilibrée, missionnaire et respectueuse, quelques axes s’imposent :
1. La charité comme autorité
Celui qui aime vraiment ne provoque pas pour briller, mais pour édifier.
2. La sobriété comme langage
L’Évangile passe avec plus de puissance dans un cœur simple que dans un discours qui écrase.
3. L’humilité comme mission
Ce que j’ai vu chez ces cadres couchés au sol vaut tous les sermons :
la vraie grandeur est dans l’abaissement devant Dieu.
4. La connaissance de la loi civile
Un chrétien conscient de ses droits et devoirs refuse d’utiliser la foi comme bouclier pour justifier des comportements nocifs.
5. L’inculturation
On n’évangélise pas un peuple contre sa culture, mais depuis sa culture, avec respect.
6. La formation spirituelle
Il faut enseigner que la foi n’est pas une performance mais une relation.
Choisir la bonne provocation
Il existe une foi qui dérange parce qu’elle fait honte aux orgueilleux : la foi humble, simple, authentique. Et il existe une foi qui dérange parce qu’elle agresse les autres : la foi exhibitionniste, intrusive, accusatrice.
À nous de choisir laquelle nous voulons incarner.
Que notre foi soit provocante, oui :
mais provoquante d’amour.
Provoquante de paix.
Provoquante d’humilité.
Purgée de dérives.
Schéma : modèle Gbandi de la foi réorientée
Biographie de l'auteure
Aïcha GBANDI est juriste, diplômée d’un Master 2 en Histoire du droit et des institutions à l’Université de Bordeaux (2020-2021). Son mémoire de recherche a porté sur « Le droit dans les congrès internationaux des femmes », illustrant sa capacité à croiser rigueur juridique et réflexion historique approfondie.
Elle est également titulaire d’une licence en droit public (Université de Lomé, 2015-2016) et d’un Master 1 en Histoire du droit et des institutions (Université de Bordeaux, 2019-2020).
Son parcours a été complété par une préparation annuelle et estivale aux concours du CRFPA et de l’ENM au sein des Instituts d’Études Judiciaires de Bordeaux et de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ainsi qu’un stage en cabinet d’avocats à Paris. Elle y a contribué à la rédaction de requêtes et mémoires en droit administratif et en droit des étrangers (CESEDA), ainsi qu’à la constitution et au suivi de dossiers en droit du travail. Cette expérience pratique est venue renforcer sa formation académique et consolider son expertise dans des matières clés du droit.
Distinctions et reconnaissance académique
Lauréate du Concours régional francophone de plaidoirie en droit international humanitaire du CICR (Tunis, 2013).
Représentante du Togo au prestigieux Concours international Jean-Pictet de droit international humanitaire (États-Unis, 2015).
Participation à divers forums internationaux sur le droit et le leadership.
Publications et productions académiques
Cinquième convention de Genève, recueil de cas pratiques en droit international humanitaire et droits de l’homme, préfacé par le Professeur Michel Deyra.
Articles spécialisés publiés dans Village de la Justice et d’autres revues professionnelles.
Fiches de cours, fascicules d’actualisation et recueils de cas pratiques destinés aux étudiants en droit.
Licence (L1-L3) :
12/20 en droit administratif des biens
13/20 en régime général des obligations
14/20 en droit du travail
14/20 en droit international humanitaire
14/20 en institutions administratives
13/20 en méthodologie du droit, finances publiques et droit de la fonction publique
12/20 en rédaction administrative
Master (M1-M2) :
12/20 en histoire des professions judiciaires
18/20 en histoire du droit de la famille
15/20 en histoire du droit patrimonial de la famille
14/20 en droit privé comparé
13/20 en analyse des enjeux juridiques actuels
Ces résultats concrets reflètent son expertise et garantissent la qualité des fiches et supports pédagogiques qu’elle propose.
Avez-vous besoin de comprendre le droit, de réussir vos examens ou de perfectionner votre pratique professionnelle ?
Que vous soyez étudiant, candidat à un concours, praticien du droit ou simplement désireux de connaître vos droits, il est souvent difficile de trouver des ressources claires et fiables.
Nos cours de droit en ligne offrent des fiches synthétiques, des cours structurés et des exercices corrigés pour comprendre les bases, approfondir vos connaissances et vous préparer efficacement aux concours (ENM, CRFPA, fonction publique).
Ces ressources s’adressent à tous : étudiants en droit, candidats aux concours, professionnels et passionnés souhaitant progresser et gagner en confiance.
- 12 €
Ravivez Dans Vos Cœurs Les Flammes de l'Amour
- Téléchargement numérique
- 1 fichier
Ne remettez pas à demain votre guérison. Ce livre de prières vous accompagne vers la paix intérieure, la réconciliation et l’amour véritable. Format papier disponible — touchez, lisez, et laissez Dieu agir dans votre vie, chaque jour.
- 120 € ou 2 paiements mensuels de 85 €
Financer vos cultes et projets personnels : stratégies juridiques et sociales pour réussir vos levées de fonds
- Cours
- 29 Leçons
- 100 € ou 2 paiements mensuels de 75 €
Dérives sectaires et santé mentale dans l’Église : Approches juridiques et judiciaires
- Cours
- 21 Leçons
Intégrez dès maintenant votre École Théofania !
- 490 € ou 12 paiements mensuels de 59 €
Parcours Intégral Théofania
- Cours
- 58 Leçons
- 30 €
Session prophétique personnalisée avec Mme Immaculée Natacha Gbandi
- Séance de coaching