- Aug 17, 2025
Vie privée et indiscrétion dans les groupes de prière : de la confiance trahie aux dérives sectaires
- GBANDI Aicha
Dans l’Église, une indiscrétion peut-elle juridiquement être requalifiée en dérive sectaire ?
Quelles sanctions peuvent en découler ?
La confiance spirituelle, force et fragilité
L’Église devrait être un espace de fraternité, de soutien et de sécurité. Pourtant, la confidence spirituelle, acte de vulnérabilité et de foi, peut devenir une arme à double tranchant.
Bien utilisée, elle fortifie et libère.
Mal utilisée, elle humilie et détruit.
Cette étude s’intéresse aux dérives possibles des deux côtés :
Quand l’accompagnant trahit la confidentialité.
Quand l’accompagné s’expose sans discernement.
Objectif : éclairer les risques, proposer des repères concrets et bâtir une Église protectrice.
1. Quand l’accompagnant trahit la confiance
Claire et sa “maman de l'Église” : quand la confiance est trahie
Claire, engagée dans un groupe charismatique, s’était rapprochée d’une femme qu’elle appelait affectueusement “maman”. Elle pensait y trouver un refuge sûr.
Mais lors d’une dispute à l’église, cette femme la renia devant tous :
« Je ne connais même pas ta mère dans cette Église ! »
Ces paroles, amplifiées par d’autres, transformèrent ses confidences en humiliation publique. Claire perdit confiance dans un lieu qui devait pourtant la protéger.
Cette histoire met en lumière un problème plus large : dans certains groupes de prière, les jeunes ou les nouveaux membres, souvent venus seuls ou convertis sans le soutien de leurs parents, se confient et semblent bien accueillis. Pourtant, très tôt, ils peuvent être laissés à eux-mêmes, exposés à des abus de langage, à des conflits internes ou à des tensions entre membres d’une même Église.
Le risque est particulièrement élevé pour les célibataires et jeunes chrétiens, qui n’ont pas la même intensité d’engagement que les membres de leur famille. Beaucoup considèrent l’Église comme leur seconde famille. Dans ce contexte, il est essentiel de :
Veiller à ce que tous les membres, mariés ou seuls, soient protégés et accompagnés équitablement.
Éviter de valoriser uniquement les familles ou les couples mariés, au détriment des nouveaux venus ou des célibataires.
Assurer un accompagnement attentif et sécurisé, afin que la confiance accordée ne devienne pas une vulnérabilité exploitée.
Protéger ces jeunes et ces nouveaux convertis, c’est prévenir l’humiliation, les abus et la rupture de confiance, et contribuer à faire de l’Église un véritable lieu de refuge et de croissance spirituelle.
Jean, le responsable d’intercession : la confidence devenue rumeur
Jean, leader respecté et responsable d’intercession d’un noyau sorti, était régulièrement sollicité lors des grandes campagnes d’évangélisation. Dans le cadre de ces pratiques, parfois déviantes et tolérées par certains de ses collègues responsables (bergers), Jean aimait instrumentaliser les jeunes vulnérables venus pour des prières de délivrance.
Des jeunes filles comme Clémentine, Félicité ou Tina – souvent seules à l’église, issues de milieux précaires – se confiaient à lui en toute confiance pour demander des prières d’intercession.
La pratique favorite de Jean consistait à transformer les confidences privées, recueillies lors d’accompagnements spirituels individuels, en sujets de questionnement et de témoignages houleux devant l’assemblée charismatique, augmentant ainsi sa notoriété et préparant sa candidature à un mandat de berger.
Ainsi, lorsque Claire lui confia une douleur intime, la confiance fut trahie. Jean répéta ses paroles à son épouse. Rapidement, la mère de Claire entendit des allusions moqueuses. La chaîne de discrétion était rompue, et la confiance détruite.
Agathe : quand l’intercession se transforme en rumeur destructrice
Anna, jeune femme engagée dans son groupe de prière, demanda un jour à Agathe – responsable reconnue et choisie par le responsable du groupe d’intercession – de prier pour ses luttes personnelles. Elle s’attendait à recevoir soutien et intercession sincère.
Mais très vite, Agathe partagea cette confidence à plusieurs personnes, y compris à sa propre fille. Ce qui devait rester un secret pastoral devint rumeur publique. La prière, au lieu d’être un refuge, devint prétexte à la moquerie.
La situation prit une tournure encore plus pénible lorsque la fille d’Agathe, relayant ces informations, proféra des paroles blessantes visant la petite sœur d’Anna. On la mit en cause à travers des insinuations injustes sur leur famille, laissant entendre qu’elle pouvait représenter une influence négative pour les autres.
À partir de ce jour, Anna ne put plus dissocier l’intercession de la honte. Ce qui aurait dû la fortifier dans la foi l’enferma dans une blessure durable, nourrie par le mépris et la suspicion.
« Or ce jour-là, Sarra, la fille de Ragouël, habitant d'Ecbatane en Médie, se fit, elle aussi, insulter par une jeune servante de son père. Elle avait été mariée sept fois, et Asmodée, le pire des démons, tuait les maris avant qu'ils ne se soient approchés d'elle. Donc, la servante dit à Sarra : "C’est toi qui as tué tes maris ! En voilà déjà sept à qui tu as été donnée en mariage, et d’aucun d’entre eux tu n’as porté le nom. Pourquoi nous fouetter, sous prétexte que tes maris sont morts ? Va les rejoindre : puissions-nous ne jamais voir de toi un fils ni une fille !" » La Bible, Livre de Tobie, chapitre 3, versets 7-9 (traduction AELF)
Paul, coordinateur et berger de secteur : l’après-accompagnement en procès, conflits et litiges tenaces
Lors d’une crise interne dans son groupe de prière, Claire prit contact avec Paul, coordinateur – berger de secteur, sollicité pour son rôle de conciliation et d’accompagnement.
Mais au lieu d’un accueil bienveillant, elle reçut une parole dure et décourageante :
« Dans nos groupes de prière, les gens viennent seulement quand ils ont des problèmes. Ils nous dérangent avec leurs histoires. Quand leurs soucis sont réglés, leur vie s’arrange et ils repartent. Mais dès qu’un nouveau problème surgit, ils reviennent encore nous harceler. »
Ces propos traduisent un véritable abus de langage :
Claire, en quête d’écoute, est réduite à un “fardeau”, au lieu d’être reconnue comme une personne digne d’attention.
Le coordinateur exprime du mépris et de la lassitude, là où l’accompagnement chrétien devrait apporter soutien et réconfort.
La relation d’aide est détournée : la vulnérabilité confiée devient un motif d’accusation.
Sur le plan juridique, lorsqu’un tel discours se répète ou s’accompagne d’autres formes d’humiliation, il peut constituer du harcèlement moral (article 222‑33‑2 du Code pénal).
En tant que berger et coordinateur de secteur, celui qui s’exprime ainsi trahit sa mission pastorale : celle de porter les fardeaux les uns des autres (Galates 6:2), et non de transformer la confiance ou la vulnérabilité des fidèles en reproches ou en motifs de condamnation.
Grille de discernement : la pédagogie de la biche en noyau restreint et élargi face aux querelles et contentieux persistants
S'agissant de l’effet miroir et ses implications, la formation complète vous révèle ce que ce tableau ne peut montrer.
Tableau : dérives fréquentes de l’accompagnant
Dans tous ces témoignages, que ce soit ceux de Claire ou d’Anna, un dénominateur commun revient : l’humiliation et la moquerie publique. Il reste à réfléchir à la manière de recenser ces pratiques déviantes afin de les prévenir à l’avenir.
2. Quand l’accompagné s’expose inutilement
Marie : tout dire, trop vite
Nouvelle dans son assemblée, Marie croyait que tout partager était signe d’humilité. Dans les prières, elle exposait ses blessures les plus profondes. Mais ses paroles devinrent vite matière à moqueries et jugements. Sa naïveté lui valut des blessures supplémentaires.
Daniel : l’idéalisation dangereuse
Daniel admirait tellement son leader qu’il lui confiait tout : finances, projets, intimité conjugale. Cette dépendance fit de lui une proie facile. Ses confidences devinrent un levier de contrôle.
Schéma : l’entonnoir de la confidence
Il ne s’agit pas de nourrir le désir de vengeance, mais de créer un cadre permettant aux victimes de canaliser leurs confidences, de revisiter leurs erreurs et de prévenir que de telles situations ne se reproduisent à l’avenir.
Tableau : responsabilités croisées
Ma formation « Dérives sectaires et santé mentale dans l’Église : approche juridique et judiciaire », que je vous recommande vivement, inclut à la fin du dossier la plaquette complète présentant l’ensemble des modules. Elle aborde notamment les recours judiciaires et voies légales, essentiels pour protéger les victimes et comprendre le cadre juridique. L’achat de la formation permet d’accéder à tous les contenus et outils pratiques, et s’adresse aussi bien à ceux qui exercent déjà qu’à ceux qui envisagent de se former pour devenir formateur bénévole ou exercer cette activité à titre professionnel, afin de sensibiliser et accompagner efficacement les communautés.
3. L’usage problématique des appellations familiales dans l’Église
Dans de nombreuses communautés, on s’appelle “maman”, “papa”, “parrain”, “marraine”. Ces termes, censés exprimer l’affection, génèrent souvent confusion et divisions.
Témoignage de vie : un homme en vint à soupçonner que son épouse cachait un enfant, simplement parce qu’un adolescent l’appelait “maman” à l’église. La suspicion fut si intense qu’il envisagea le divorce.
Ces abus de langage fragilisent les familles au lieu de bâtir l’unité. L’indiscrétion spirituelle et les appellations non encadrées nourrissent la méfiance.
4. Confidentialité : une exigence spirituelle, morale et juridique
La confidentialité repose sur trois fondements :
Spirituel : “Celui qui répand la calomnie révèle les secrets, mais celui qui a l’esprit fidèle garde la chose cachée.” (Proverbes 11:13)
Moral : respecter la dignité et l’intimité de l’autre.
Juridique : le droit français protège la vie privée (article 9 du Code civil) et punit la violation du secret (article 226-13 du Code pénal).
Un responsable ecclésial (berger de groupe de prière, prêtre, formateur, pasteur etc.) n’a ni le droit moral, ni le droit légal de trahir une confidence.
5. Comment se prémunir dans l’Église
Faire preuve de discernement : ne pas confondre ferveur et fiabilité.
Fixer des limites claires : signaler explicitement ce qui est confidentiel.
Instituer une culture de confidentialité : former les leaders à l’éthique de la discrétion.
6. Construire une Église protectrice
Une Église fraternelle n’est pas celle des titres affectifs (“maman”, “papa”), mais celle qui protège la dignité de chacun.
La trahison des confidences corrompt le témoignage chrétien. La tolérer, c’est accepter la destruction silencieuse des vies.
Des responsables recommandent nos livres et formations
Mike, pasteur à Miami
« J’ai eu l’occasion de solliciter Natacha pour une formation à Miami. Ses écrits allient droit et foi, offrant des outils précieux pour protéger les confidences et prévenir les abus. Son intervention a renforcé la vigilance et la maturité de nos équipes pastorales. »
Félicité, juriste en gouvernance religieuse et protection des fidèles à Lomé
« Grâce au livre et à la formation de Natacha, notre équipe à Lomé a pu mieux comprendre l’importance de la confidentialité et des bonnes pratiques pour accompagner les fidèles. Ses enseignements concrets ont été d’une grande valeur pour notre travail quotidien. »
Dérives sectaires et santé mentale dans l’Église : approche juridique et judiciaire.
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Biographie de l'auteure
Aïcha GBANDI est juriste, diplômée d’un Master 2 en Histoire du droit et des institutions à l’Université de Bordeaux (2020-2021). Son mémoire de recherche a porté sur « Le droit dans les congrès internationaux des femmes », illustrant sa capacité à croiser rigueur juridique et réflexion historique approfondie.
Elle est également titulaire d’une licence en droit public (Université de Lomé, 2015-2016) et d’un Master 1 en Histoire du droit et des institutions (Université de Bordeaux, 2019-2020).
Son parcours a été complété par une préparation annuelle et estivale aux concours du CRFPA et de l’ENM au sein des Instituts d’Études Judiciaires de Bordeaux et de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ainsi qu’un stage en cabinet d’avocats à Paris. Elle y a contribué à la rédaction de requêtes et mémoires en droit administratif et en droit des étrangers (CESEDA), ainsi qu’à la constitution et au suivi de dossiers en droit du travail. Cette expérience pratique est venue renforcer sa formation académique et consolider son expertise dans des matières clés du droit.
Distinctions et reconnaissance académique
Lauréate du Concours régional francophone de plaidoirie en droit international humanitaire du CICR (Tunis, 2013).
Représentante du Togo au prestigieux Concours international Jean-Pictet de droit international humanitaire (États-Unis, 2015).
Participation à divers forums internationaux sur le droit et le leadership.
Publications et productions académiques
Cinquième convention de Genève, recueil de cas pratiques en droit international humanitaire et droits de l’homme, préfacé par le Professeur Michel Deyra.
Articles spécialisés publiés dans Village de la Justice et d’autres revues professionnelles.
Fiches de cours, fascicules d’actualisation et recueils de cas pratiques destinés aux étudiants en droit.
Licence (L1-L3) :
12/20 en droit administratif des biens
13/20 en régime général des obligations
14/20 en droit du travail
14/20 en droit international humanitaire
14/20 en institutions administratives
13/20 en méthodologie du droit, finances publiques et droit de la fonction publique
12/20 en rédaction administrative
Master (M1-M2) :
12/20 en histoire des professions judiciaires
18/20 en histoire du droit de la famille
15/20 en histoire du droit patrimonial de la famille
14/20 en droit privé comparé
13/20 en analyse des enjeux juridiques actuels
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